
06 Avr Britannicus (II, 2, vers 382 à 409): Plan pour une lecture analytique
NERON :
Narcisse, c’en est fait, Néron est amoureux.
NARCISSE :
Vous ?
NERON :
Depuis un moment, mais pour toute ma vie.
J’aime, que dis-je aimer ? J’idolâtre Junie.
NARCISSE :
Vous l’aimez ?
NERON :
Excité d’un désir curieux,
Cette nuit je l’ai vue arriver en ces lieux,
Triste, levant au ciel ses yeux mouillés de larmes,
Qui brillaient au travers des flambeaux et des armes :
Belle, sans ornements, dans le simple appareil
D’une beauté qu’on vient d’arracher au sommeil.
Que veux-tu ? Je ne sais si cette négligence,
Les ombres, les flambeaux, les cris et le silence,
Et le farouche aspect de ses fiers ravisseurs
Relevaient de ses yeux les timides douceurs.
Quoi qu’il en soit, ravi d’une si belle vue,
J’ai voulu lui parler, et ma voix s’est perdue :
Immobile, saisi d’un long étonnement,
Je l’ai laissé passer dans son appartement.
J’ai passé dans le mien. C’est là que solitaire,
De son image en vain j’ai voulu me distraire :
Trop présente à mes yeux, je croyais lui parler ;
J’aimais jusqu’à ses pleurs que je faisais couler.
Quelquefois, mais trop tard, je lui demandais grâce ;
J’employais les soupirs, et même la menace.
Voilà comme, occupé de mon nouvel amour,
Mes yeux, sans se fermer, ont attendu le jour.
Mais je m’en fais peut-être une trop belle image ;
Elle m’est apparue avec trop d’avantage :
Narcisse, qu’en dis-tu ?
Problématique : Comment le sentiment amoureux qui prend possession de Néron engendre-t-il en lui la naissance de sa monstruosité ?
Plan proposé :
I/ La force de la vision
A. D’une vision réelle
B. A une scène imaginaire
C. Un tableau en clair obscur
II/ Néron amoureux
A. Le ravissement
B. La passion
C. Une lucidité très fragile
III/ Un monstre naissant
A. La volonté de puissance
B. La perversion
C. La faiblesse
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